Avec plus d’un an de retard, le gouvernement australien va mettre en œuvre son fameux programme de vapotage sur ordonnance le 1er octobre. Après cette date, les personnes prises à importer illégalement de la nicotine sans ordonnance médicale seront passibles d’amendes pouvant atteindre 222 000 dollars.

Pendant ce temps, les cigarettes, qui tuent environ 21 000 Australiens par an, resteront disponibles dans tous les endroits où elles le sont actuellement et seront traitées comme un produit normal de consommation.

Les nouvelles règles obligeront les quelque 600 000 fumeurs australiens à trouver un médecin disposé à prescrire des produits de vapotage à base de nicotine, ou à risquer une sanction sévère pour avoir fait ce qu’ils ont toujours fait. En Australie, la loi exige déjà une ordonnance pour importer de la nicotine, mais elle est presque totalement ignorée.

La principale différence après le 1er octobre sera l’application plus stricte de l’interdiction d’importation de nicotine qui existe déjà. Le gouvernement indique que l’Australian Border Force va sévir contre ceux qui font entrer de la nicotine sans ordonnance.

Comment fonctionne la prescription de nicotine ?

Colin Mendelsohn, médecin et président de l’Australian Tobacco Harm Reduction Association (ATHRA), a créé un « guide » des procédures pour obtenir légalement de la nicotine et du e-liquide après le 1er octobre. Le site de l’ATHRA propose également une page permettant de rechercher les médecins participants, mais il est possible que vous puissiez obtenir une ordonnance de nicotine auprès de votre médecin de famille actuel.

Outre la possibilité d’importer soi-même de la nicotine ou du e-liquide avec une ordonnance, il est également possible d’acheter en pharmacie, bien qu’en pratique on ne sache pas exactement comment cela fonctionnera. Selon M. Mendelsohn, peu de pharmacies participeront.

Le gouvernement a également instauré de nouvelles normes pour les produits à base de nicotine.
La teneur maximale en nicotine est de 10 % (100 mg/mL) et le gouvernement a dressé une liste d’ingrédients interdits.
Acétoïne, benzaldéhyde, cinnamaldéhyde, diacétyle, diéthylène glycol, éthylène glycol, Acetyl propionyl, acétate de vitamine E seront concernés.

La liste des ingrédients interdits semble inclure tous les résultats que l’on peut obtenir lors d’une recherche Google sur les « ingrédients dangereux des e-liquides ». Chaque substance figurant sur la liste a été le méchant d’au moins un reportage sur le vapotage, dont certains datent de 2009. Et l’acétate de vitamine E – la substance huileuse utilisée pour diluer l’huile de THC du marché noir qui a conduit à l’épidémie « EVALI » – n’a jamais été utilisée comme ingrédient de e-liquide.

Triste décision

D’une manière générale, une fois que le consommateur aura trouvé un médecin acceptant de lui rédiger une ordonnance, le processus d’obtention de nicotine ne sera pas très diffèrent de ce qui se pratiquait jusque là. Il est vraiment dommage que le gouvernement australien ait pris cette voie. Mais la plupart des fumeurs qui comprennent le processus devraient être en mesure de s’en sortir.

La question est de savoir si la plupart des fumeurs sont conscients des nouvelles exigences ou s’ils comprennent les risques. Nous pouvons supposer que beaucoup ne comprendront pas les risques d’application de la loi et l’augmentation des sanctions promises après le 1er octobre. Même les fumeurs qui connaissent les nouvelles exigences ne savent peut-être pas que la possession de nicotine sans ordonnance est un crime en Australie. Pour être sûrs, les fumeurs devront avoir sur eux une copie de leur ordonnance, où et quand ils vaperont.

Le pire dans le nouveau processus australien est qu’il rend le vapotage moins accessible aux fumeurs.
Les fumeurs seront peu enclins à essayer le vapotage s’ils doivent d’abord rencontrer un médecin et obtenir une ordonnance. Le vapotage en Australie est déjà assez difficile sans ces étapes supplémentaires. De nombreux fumeurs ne sont déjà pas convaincus à l’avance que la cigarette électronique pourra remplacer leurs cigarettes.

Pour une lutte efficace contre le tabac, la cigarette électronique devrait être au moins aussi accessible que la cigarette « classique ». Il semble que le gouvernement australien ne soit pas du même avis.

De cette manière, l’Australie donne aux cigarettes un énorme avantage sur le marché en rendant la vape beaucoup moins accessible. Cela risque de conduire à plus de tabagisme et moins de vapotage. Ce qui n’est bon pour personne, sauf pour l’industrie du tabac.

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