L’Angleterre semble montrer la voie en matière de prévention du tabagisme. Avec son homologue australien, elle a été parmi les premiers à augmenter considérablement les taxes sur les cigarettes pour réduire la prévalence tabagique.
Lorsque les premières cigarettes électroniques sont apparues, il y a déjà plus de 10 ans, les experts britanniques n’ont pas rejeté ce nouvel outil, mais ont pris le temps de mener des recherches pour évaluer son intérêt dans la lutte tabagique.
Comme une suite logique, en se basant sur des données sérieuses et vérifiées, le nouveau rapport de l’ASH (Action on Smoking and Health) souligne l’importance des produits de vapotage pour les fumeurs. La vape attire une grande majorité des fumeurs qui souhaitent arrêter de fumer ou des anciens fumeurs en période de sevrage. Parmi les adolescents âgés de 11 à 17 ans, qui n’ont jamais essayé la cigarette, moins de 1% utilisent actuellement un dispositif de vapotage. Près de 90% des jeunes n’ont jamais testé un produit de vape et ce nombre est en augmentation, ce qui souligne le désintérêt des jeunes pour la vape.
Le Royaume-Uni est un modèle de réussite pour l’outil de réduction des risques qu’est la vape. Nous connaissons la bonne volonté, déjà payante, des autorités sanitaires à promouvoir cette alternative positive au tabac et développant, pour leurs concitoyens, des projets innovants et ambitieux pour lutter contre ce fléau qu’est le tabagisme.
Dans le même temps, en Europe, les Etats membres semblent s’orienter vers une règlementation plus stricte de la vape. Alors que différents pays de l’Union européenne tentent de parvenir à un accord sur le taux d’imposition des produits de vapotage et le caractère approprié de l’interdiction des arômes, le Royaume-Uni analyse et prend des mesures efficaces.
En juin 2020, le secrétaire d’État néerlandais à la santé, Paul Blokhuis, a annoncé qu’il voulait interdire les arômes dans la vape aux Pays-Bas.
Moins d’un an après, en mai 2021, nous apprenions que le gouvernement néerlandais avait tranché et pas dans le bon sens.
Malgré le nombre record de répondants, la consultation publique réglementaire, n’y aura rien fait. Nous apprenions de surcroit que 98% des répondants s’exprimaient contre l’interdiction des arômes et que 74% appuyaient sur l’importance des arômes dans le cadre du sevrage tabagique.
Ignorant les résultats de cette consultation publique, le 21 Mai 2021, le ministère de la santé néerlandais annonçait une interdiction des arômes à compter du 1er Juillet 2022. Seuls les arômes tabac resteront autorisés.
Par cette annonce, le ministère de la santé néerlandais, va non seulement à l’encontre des résultats de la consultation publique, mais aussi à l’encontre de la science et des retours du « terrain ». Nous citerons par exemple l’étude menée par la Yale School of Public Health (YSPH) qui indique qu’une interdiction des saveurs entrainerait une augmentation du nombre de fumeurs chez les plus jeunes.
Comme cela a déjà été démontre, le vapotage est à minima 95% moins nocif que le tabac fumé, c’est donc une drôle de décision que vient de prendre le gouvernement néerlandais en bridant la vape.
Une telle mesure n’est pas un bon signal pour la future révision de la TPD (Tobacco Products Directive).
Sur les nombreuses mesures qui se profilent actuellement contre la vape en Europe, l’interdiction des arômes est la plus inquiétante sur le plan sanitaire.
Des chercheurs ont analysé le comportement tabagique des lycéens de San Francisco en les comparant à ceux d’autres districts avoisinants.
Différentes études ont déjà souligné l’importance des e-liquides aromatisés dans l’arrêt tabagique, mais celle dirigée par la professeure Abigail Friedman, de l’université de Yale, est assurément la plus complète. Elle s’appuie sur le suivi de 100 695 mineurs de San Francisco dont 9 225 lycéens sont scolarisés à San Francisco et 8 6618 proviennent d’autres districts.
Si l’on lisse la prévalence tabagique entre 2011 et 2019, on constate déjà un taux supérieur à San Francisco : 6.2% pour la ville contre 5.6% ailleurs. Mais l’écart se creuse nettement sur l’année 2019. A San Francisco, le taux de tabagisme chez les lycéens est désormais de 6.2% contre 2.8% pour les autres districts. Pourtant en 2017, une baisse simultanée et spectaculaire, des deux groupes, avait pu être constatée, avec une prévalence tabagique de 4.2%.
Pour finalement en déduire que les lycéens de San Francisco ont 2.24 fois plus de risques de fumer que les mineurs d’autres districts. Un écart que les chercheurs attribuent directement à l’interdiction des e-liquides aromatisés dans la ville, qui n’est pas suivie ailleurs.
Abigail Friedman commente : « L’interdiction des e-liquides aromatisés à San Francisco a entraîné une hausse du tabagisme chez les lycéens mineurs, par rapport aux autres districts.Si elle s’applique à tous les produits de tabac, cette interdiction a essentiellement eu un impact auprès des jeunes, qui avaient davantage tendance à vapoter des e-liquides aromatisés. Les fumeurs se tournaient en effet moins vers de tels arômes pour leurs cigarettes. »
Nous citons toujours, « ces résultats soulèvent une inquiétude quant à l’accès auxalternatives moins nocives pour les mineurs, qui se tournent en conséquence vers la cigarette ».
Face aux alertes d’experts annonçant que plus de personnes mourraient du tabagisme que du COVID 19 cette année, la Grande Bretagne a révélé son nouveau plan afin d’éradiquer le tabagisme.
Le groupe parlementaire multi partie (APPG) sur le tabagisme et la santé a averti le gouvernement qu’il devait agir rapidement pour garantir un pays sans fumée d’ici 2030. Mettant en avant les propos du médecin chef, Chris Whitty, qui a récemment annoncé que les cigarettes sont toujours plus mortelles que le virus qui a paralysé le monde.
L’APPG a déclaré que le gouvernement doit « Prendre le contrôle du tabac ». Pour cela, il devra introduire des mesures telles que la distribution de cigarettes électroniques sur le NHS (site National Health Service) et leur interdiction pour les personnes de moins de 21 ans.
Les 12 étapes montrant comment l’APPG voit le Royaume Uni atteindre l’objectif 2030 « sans fumée » :
Légiférer pour obliger les fabricants de tabac à payer pour un Fonds sans fumée 2030 pour mettre fin au tabagisme.
Le Royaume-Uni doit prendre sa place sur la scène mondiale en tant que leader sans fumée.
Fixer des objectifs pour 2025 et mettre à jour la stratégie si le Royaume-Uni n’est pas sur la bonne voie pour atteindre un environnement sans fumée d’ici 2035.
Campagnes anti-tabac auprès des personnes exerçant des métiers manuels et des chômeurs.
Veiller à ce que les fumeurs soient invités à cesser de fumer sur une base annuelle.
Plus de soutien apporté aux personnes en logement social ou qui ont des problèmes de santé mentale.
Veiller à ce que toutes les fumeuses enceintes reçoivent une incitation financière à cesser de fumer en plus du soutien au sevrage tabagique.
Financer des programmes régionaux pour réduire l’usage du tabac illicite dans les communautés défavorisées.
Des avertissements doivent être apposés sur les cigarettes individuelles et combler les lacunes des autres réglementations.
Réduire l’attrait et la disponibilité des cigarettes pour les enfants.
Permettre aux cigarettes électroniques à être autorisées pour la prescription du NHS.
Consulter sur le relèvement de l’âge de vente du tabac de 18 à 21 ans.
Selon les experts, avec un financement suffisant, ces mesures conduiront le Royaume Uni à devenir un pays sans tabac d’ici 2035.
Le député Bob Blackman, président de l’APPG Harrow East conservateur, a déclaré :
« Les fabricants de tabac font des profits extrêmes en vendant des produits mortels hautement addictifs, tandis que les coffres du gouvernement sont vides à cause du COVID 19 » et ajouté : « Les fabricants ont l’argent, il faut leur faire payer pour mettre fin à l’épidémie ».
Afin d’atteindre son objectif « Zéro tabac » d’ici 2030, le Royaume Uni monte encore d’un cran en renforçant son programme de lutte anti-tabac et en s’appuyant encore et toujours sur la cigarette électronique.
Santé Canada a publié le 18 juin 2021, un nouveau projet réglementaire qui interdirait toutes les saveurs de cigarette électronique, sauf celles de tabac, de menthe, de menthol. Egalement au programme, un encadrement plus strict de la « publicité ».
Ces nouvelles règles empêcheraient l’utilisation de la plupart des ingrédients aromatisants et présenterait une liste d’ingrédients autorisés dans la composition des seules saveurs tabac, menthe et menthol qui resteraient autorisées.
Comme aux Etats-Unis, cette nouvelle mesure est décrite comme un moyen de contribuer à rendre ces produits moins attrayants pour les jeunes.
Ces nouvelles interdictions viendraient s’ajouter à une autre limitation, qui concerne cette fois-ci, le taux de nicotine maximal autorisé dans les produits de vapotage. Celui-ci passera de 66 mg/ml à 20 mg/ml comme dans l’Union européenne. Une mesure que le gouvernement souhaitait depuis décembre dernier.
Ce taux réduit prendra effet pour les producteurs de e-liquides le 8 juillet et les détaillant auront jusqu’au 23 juillet pour retirer les produits dépassant la limite autorisée.
Ce projet vise à protéger les plus jeunes car selon l’organisme fédéral, la vape est à l’origine de la dépendance à la nicotine de la jeune génération.
Encore un gouvernement qui semble oublier les nombreuses études ayant démontré que les arômes jouent un rôle prépondérant dans le sevrage tabagique grâce à la cigarette électronique. En effet, réduire l’offre des saveurs pourrait conduire un certain nombre de vapoteurs à retourner à la cigarette.
L’ETHRA (European Tobacco Harm Reduction Advocates) avait lancé, entre-le 12/10 et le 31/12/20 une grande enquête en ligne, sur les consommateurs de nicotine dans toute l’Union Européenne y compris le Royaume-Uni.
Plus de 37000 participants y ont répondu dont 35000 européens.
« L’ETHRA est très reconnaissante envers les 37303 répondants et honorée de leur confiance. Le temps pris par les répondants souligne le grand intérêt et le désir de contribuer au développement des connaissances sur leurs thèmes de la réduction des risques abordés dans l’enquête » –Rapport de l’ETHRA–
97% ont cité la vape comme une aide au sevrage tabagique.
Près de 85% des vapoteurs européens ont complètement arrêté de fumer.
78% des vapoteurs considèrent les arômes comme très importants.
Une augmentation des taxes ou interdiction des arômes fait craindre à près d’un tiers des vapoteurs à reprendre la cigarette.
65% des vapoteurs envisageraient de se fournir au marché noir en cas de mise en application de ces mesures répressives.
Ce rapport nous révèle que 78.7% des répondants ont complètement arrêté de fumer, soit 27758 anciens fumeurs. Avec 94% de vapoteurs ayant répondu à cette enquête mené par l’ETHRA, nous pouvons constater une nouvelle fois que la cigarette électronique est efficace pour arrêter de fumer.
Sur ces 27758 anciens fumeurs, 97% ont cité le vapotage parmi les aides effectives pour arrêter de fumer, 5.1% ont indiqué avoir arrêter sans aucune aide, 2.8% grâce à des substituts nicotinique, 1.9% ont utilisé le SNUS ou des sachets de nicotine tandis que 0.2% ont déclaré avoir été aidés par les informations de l’OMS.
D’autres méthodes ont également été citées : le service d’aide à l’arrêt du tabac (0.4%), les lignes téléphoniques (0.3%), les groupes d’entraide (0.8%), les livres d’auto-assistance (0.8%), l’hypnose (0.4%).
Les vapoteurs ayant répondu à l’enquête étaient au nombre de 30972. Parmi eux 83.5% ont indiqué avoir complètement arrêter de fumer. A contrario, 1.3% du panel a répondu n’avoir jamais fumé avant de vapoter et 2% a préféré ne pas répondre. Enfin 10.9% fument quotidiennement en parallèle du vapotage et 5.1% seulement occasionnellement.
« Bien que l’échantillon de l’enquête ne puisse être considéré comme représentatif de la population générale, ces résultats obtenus auprès de plus de 32000 personnes suggèrent fortement qu’il existe en Europe une masse significative de personnes qui sont passées de la cigarette au vapotage. » –Rapport de l’ETHRA–
Les raisons invoquées pour avoir choisi le vapotage :
Nous pouvons constater que 97% des vapoteurs ont déclaré que la réduction des risques et l’amélioration de la santé étaient importants dans leur démarche de passage à la vape. Concernant les arômes, 78% des vapoteurs, les ont jugés importants ou très importants.
L’enquête d’ETHRA a permis de révéler une augmentation de la consommation en e-liquide, malgré certaines restrictions sur les produits afférents mis en application par la TPD (Tobacco Product Directive).
Cette augmentation de la consommation pourrait s’expliquer par deux raisons :
La limitation à 10ml des flacons de recharge a poussé un grand nombre d’utilisateurs vers les liquides à booster, plus économiques, mais dont la concentration finale en nicotine reste faible (environ 3 mg/ml).
La limitation de concentration maximale de 20mg/ml de nicotine dans les e-liquides a pu contraindre certains utilisateurs à augmenter également leur volume d’e-liquide par compensation.
Lors de l’enquête, 30.3% des répondants ont indiqué penser qu’ils pourraient complètement arrêter de fumer si la limite était relevée dans l’Union Européenne.
Les taxes empêcheraient également d’arrêter de fumer.
« L’une des conclusions les plus troublantes de notre enquête est qu’une grande partie des fumeurs aimeraient arrêter de fumer, mais en sont empêchés par des obstacles réglementaires » -RapportETHRA–
67.4% des fumeurs, touchés par cette enquête, ont fait part de leur souhait d’arrêter de fumer. En fonction de leur localisation, ils citent différents obstacles les empêchant de le faire. Un obstacle qui toucherait près de 3 fois plus de fumeurs dans les pays ou les taxes sont les plus lourdes (Finlande, Portugal, Estonie).
Dans l’attente d’une troisième version de la TPD, qui selon de nombreux indices nous laisse penser à une nouvelle taxation sur les produits de vape, l’ETHRA a voulu connaître la réaction des vapoteurs si cela se produisait en leur demandant à partir de quelle différence de prix, ils changeraient leurs habitudes de vape ?
L’autre peur soulevé par la prochaine version de la TPD concerne une potentielle interdiction des arômes.
« Les résultats de notre enquête montre que si l’Union Européenne devait imposer à l’ensemble de la population des restrictions similaires à celles que connaissent les pays coercitifs en termes de taxation et/ou d’interdiction d’arômes, il est probable qu’une très large majorité des consommateurs chercherait des sources alternatives au marché légal. » Rapport ETHRA
Ce rapport indique clairement qu’une forte augmentation des taxes ou l’interdiction des arômes seraient désastreux et rappelle que l’utilisation de la cigarette électronique semble très bien fonctionner en tant qu’outil de sevrage tabagique.
Espérons que la commission européenne révisera ses positions et prendra en compte ces résultats afin d’assouplir sa politique de lutte contre la vape.